À Ancy-sur-Moselle, Eve Maurice
espère une bonne fin de saison pour ses vignes épargnées jusqu’à présent
par les calamités. Photo Pascal BROCARD
Jusqu’ici tout va bien », grimace Ève Maurice en
inspectant ses pieds de vigne alignés sur les coteaux surplombant Ancy.
Plutôt reconnaissante d’avoir échappé aux facéties d’une météo estivale
laissant quelques vignobles sur le carreau, la jeune viticultrice veut
croire l’orage passé. « La grêle est tombée à Gravelotte et à
Sainte-Marie-aux-Chênes, mais elle nous a épargnés. On est un peu
protégé, dans le creux de la vallée de la Moselle ». Passer entre les
gouttes et éviter les calamités… Prier le ciel, donc. Et pour cause, il
lui faut panser le fiasco de 2012. À dix jours de la récolte une harde
de sangliers affamés avait englouti le tiers de la production. Soit près
de 7 000 bouteilles sur les 20 000 cols produits. Cette fois, une
clôture électrique devrait dissuader l’animal d’aller grappiller les
beaux raisins mûrs. L’animal, pas si bête : « Ils ne s’y sont pas
trompés et ont boulotté exactement les grains dans l’ordre dans lequel
je les aurais récoltés, les plus mûrs d’abord » se remémore la
Mosellane.
Depuis la hauteur du coteau qui déroule les quatre
hectares de vignes, dont les premières qui bordent l’étroite route qui
grimpe vers Gorze ont été plantées par son grand-père, la vue embrasse
Metz dans un panorama encore baigné d’un généreux soleil d’août. Au
loin, la cathédrale Saint-Etienne figure un petit point en suspension
dans un halo de chaleur. Mais la pluie est annoncée. « Rien de grave, à
la condition que les raisins sèchent vite après », tempère Ève Maurice.
Et les mirabelles ?
Plus au sud-ouest, Roland Lelièvre veille au grain, lui
aussi, sur le domaine familial. Depuis les côtes de Toul, la parenté
avec la Moselle est avant tout climatique. De fait, les vendanges
débuteront dans la même période. « Entre le 10 et le 20 octobre »
nuance, tout de même prudent, le Meurthe-et-Mosellan. Un différé qui
ramène au calendrier des vendanges d’antan. Avant le réchauffement de la
planète. Pour autant, la dénomination vendanges tardives ne doit pas
s’entendre dans l’acception alsacienne des nectars issus des cépages
atteints par la pourriture noble. Hélas.
La raison en revient plus
prosaïquement à un printemps cause d’une floraison accusant trois
semaines de retard. « Tardive, mais bonne, pas comme en 2012 lorsque les
gelées de printemps avaient cassé les fleurs » corrige le vigneron qui
pronostique une récolte « en quantité » et « en qualité ». De quoi
oublier le piètre millésime passé qui n’avait permis de récolter que 32
hectolitres/hectare sur les 65 espérés cette fois, « pour environ 100
000 cols ». Une production qui place les Lelièvre second producteur du
Toulois, après la maison Laroppe. Avec 15 hectares de vignes et 5
hectares de mirabelles, l’exploitation emploie neuf salariés. S’il va
falloir patienter encore un peu avant de tirer le vin, le fruit d’or
devrait arriver, lui, la semaine prochaine sur les étals. Le coup
d’envoi de la cueillette est prévu en milieu de semaine. Cette année, la
maison Lelièvre prévoit un taux de récolte de 70 %… contre 15 % l’an
dernier. Fichues gelées tardives.
X. B.
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